Menace sur le coût du travail en agriculture : le 24 octobre 2012, les FDSEA d’Aquitaine ont rencontré la Préfecture de Région.
Le Projet de révision d’exonérations des charges sur les salariés occasionnels : une mesure incompréhensible qui exaspère les employeurs agricoles !
Dans le projet de Loi des Finances 2013 actuellement en débat à l’Assemblée Nationale, il est question d’une forte diminution de l’exonération des charges patronales pour les employeurs de main-d’œuvre occasionnelle agricole.
Obtenue de haute lutte par la FNSEA, cette exonération vise à limiter le différentiel sur le coût de la main d’œuvre qui pénalise les exploitations agricoles vis-à-vis des principaux pays producteurs (Espagne, Maroc, Allemagne, Pologne...). Or, un amendement prévoit de supprimer partiellement cette aide ; conséquence, une charge supplémentaire de près de 17,5 millions d’euros pour les employeurs agricoles d’Aquitaine. Ramenée au salarié occasionnel, cette hausse du coût du travail pourrait représenter pour l’exploitation + 5 euros/H ou plus de 820 euros/mois pour un salaire de 1,5 SMIC.
Ce 24 octobre 2012 une délégation comprenant des représentants de la FRSEA Aquitaine et de la FNPHP (Fédération Nationale des Producteurs de l’Horticulture et des Pépinières) était reçue par Mme Marie-Françoise LECAILLON, la nouvelle SGAR (Secrétaire Générale pour les Affaires Régionales), et M. Hervé Durand, DRAAF (Directeur Régional de l’Agriculture). Il s’agissait, comme dans toutes les Préfectures de Région ce même jour, et suite à un mot d’ordre national de la FNSEA, de faire part aux représentants des Pouvoirs Publics du fort mécontentement et de l’incompréhension des employeurs agricoles.
L’Aquitaine est particulièrement visée par ce projet de réforme puisque 84 000 des 127 000 employés en agriculture sont des salariés occasionnels ; et les professionnels ont exprimé les graves conséquences qu’engendrerait une telle réforme en terme d’emploi mais aussi d’occupation du territoire.
Exemple avec la filière fraise, exigeante en main-d’œuvre occasionnelle. En 15 ans, la production de l’Allemagne a doublé, et le différentiel du coût horaire de main d’œuvre avec la France avoisine aujourd’hui les 5 euros de l’heure, en faveur de l’Allemagne. A contrario, dans la même période la production en Aquitaine a été divisée par deux. Les producteurs Aquitains ont réagi en se positionnant sur des créneaux qualitatifs, avec le développement de la fraise « Gariguette » ou Label Rouge en Lot et Garonne ; mais quelles peuvent-être les perspectives pour ses producteurs si demain la valeur ajoutée recherchée sur ces créneaux qualitatifs est absorbée par une charge supplémentaire ?
Autres exemples avec la forte diminution des vergers de pommiers ou poiriers remplacés par des variétés plus mécanisables comme le noisetier...ou des céréales.
Les horticulteurs et pépiniéristes sont eux aussi directement touchés ; l’Aquitaine, 3ème région productrice de pépinières fruitières, est fortement concurrencée par les producteurs espagnols qui inondent le marché des professionnels et des particuliers à des prix défiant toute concurrence avec des coûts de main d’œuvre inférieurs de 3 euros/heure.
La viticulture Bordelaise qui représente 40% des travailleurs saisonniers de la région est depuis plus de 10 ans plongée dans une crise sans précédent ; une nouvelle charge ne ferait qu’aggraver la situation déjà extrêmement difficile de nombreux viticulteurs : un quart des exploitations est en déficit et un autre quart a un revenu inférieur à 10 000 euros par an.
Au-delà de ces quelques exemples, c’est toute l’agriculture d’Aquitaine qui sera pénalisée. Les agriculteurs de la région se sont positionnés sur des productions qualitatives, sous signes officiels de qualité, transformées, (ex : filière maïs-foie gras) qui font appel à une importante main d’œuvre en amont et aval dans les différentes filières.
C’est aussi cela que les membres de la délégation ont voulu souligner : l’impact sur l’occupation et l’aménagement du territoire dans une région connue pour être la 1ère région employeur de main d’œuvre agricole de France.
Ce sont « ces messages de qualité et de diversité des produits (qui ont fait la richesse et la dynamique des territoires de l’Aquitaine) qu’il faut préserver, et que je porterai auprès des Ministères concernés » a conclu Mme LECAILLON. Cela sera-t-il suffisant pour infléchir la décision, réponse début novembre à l’Assemblée Nationale...